ETAPE 54
Superbe cadeau au réveil pour cette dernière étape : un ciel azuré sans défaut et un horizon de montagnes immaculées. Magnifique !
Par contre, la neige descend jusqu’à 700 m et le col de la Madeleine frôle les 2 000 m. Sera-t-il ouvert ? Par ailleurs, il fait à peine 15°c au soleil. Lorsqu’on enlève les 15°c que le vent de la moto arrache en passant, ainsi que les 1°c par tranche de 100 m en gagnant en altitude, il n’en reste pas beaucoup avant de ressembler à Mister Oetzi. Tant pis, je m’arrêterai tous les quart d’heure pour réchauffer mes doigts engourdis. L’équipement saharien montre ici ses limites…
La route s’enfile peu à peu dans les montagnes qui se resserrent. L’ubac porte toujours son manteau blanc tandis que l’adret a revêtu le noir de ses rochers. Un dernier cappuccino, le plus grand ! Les falaises se penchent sur les villages aux toits inclinés. Ma mobylette rouspète un peu mais relève le défi et gravit patiemment les lacets qui s’enchainent. Le fond de la vallée s’éloigne mais les sommets semblent s’écarter pour en dévoiler à chaque fois de plus hauts, de plus blancs.
Et puis, pour quelques mètres, la route devient plate. Un panneau « France » au bord de la chaussée. 15 000 km pour venir le saluer. Etrange mélancolie.
Trois motards Italiens qui m’avaient laissé sur place lors de l’ascension, viennent s’étonner de la petitesse de ce cylindré si haut perché. Apprenant l’origine des trois lettres RCA de la plaque d’immatriculation, ils sortent leur appareil photo. Voici certainement la première moto centrafricaine à franchir les Alpes !
La suite de la journée ne fut qu’une longue glissade, le long de la vallée de l’Ubaye, du lac de Serre Ponçon, puis de la Durance, avant de bifurquer vers le Mont Ventoux.
Une belle page se tourne…
Rendez-vous au même endroit, ici ou ailleurs, pour un nouveau départ dans quelques semaines?
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« Dans les cartes postales qu’il expédiait depuis les gares traversées, il décrivait à grand renfort d’exclamations les instantanées qu’il avait découverts par la baie du wagon, et c’était comme d’émietter pour le jeter à l’oubli le long poème de la fugacité. »
Gabriel Garcia Marquez
Cent ans de solitude
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