ETAPE 39
Ksar Ghilane – Ksar Hallouf (187 km)
Plus au sud, la route est fermée. Pour des raisons sécuritaires. En 2007 ou 2008, 19 touristes autrichiens avaient été enlevés et gardés en otage. Les autorités tunisiennes n’avaient pas beaucoup apprécié ce type de publicité pour leur pays. Depuis, elles prennent leur précaution.
Nouveau demi-tour donc, et retour le long de mon pipeline puis un peu plus loin vers l’est. Je traverse un massif montagneux très aride, planté de palmiers et d’oliviers dans le moindre petit creux, de thym et de cailloux partout ailleurs. Pour survivre, les populations locales ont notamment développé deux techniques particulières.
La première est de fuir les rigueurs de l’hiver et les chaleurs de l’été en s’enfonçant dans les montagnes grâce à un habitat troglodyte. Des maisons, on ne voit plus que les portes, adossées au rocher. Ce qui donne parfois d’étranges villages qui semblent presque inexistants alors qu’ils ne sont que cachés. L’habitat moderne tend cependant à remplacer peu à peu ces maisons traditionnelles et de petits cubes voutés tout de blanc vêtus poussent un peu partout dans la garrigue.
La seconde adaptation est le ksar, un grenier communautaire fortifié, situé de préférence en haut d’une bute ou d’une colline, qui regroupe de nombreuses petites cellules allongées et fraîches permettant de conserver les biens de chaque famille. Autour de la cour sur laquelle donne chaque grenier familial, on trouve également, masqués sous les voutes, un pressoir à huile actionné par un âne ou un dromadaire (petit), un moulin ou encore une mosquée. Mais là encore, le monde moderne a eu raison de ces constructions qui tombent en ruine ou n’attirent que les touristes.
Toujours est-il que ces troglodytes, ces ksars et ces montagnes arides ont, elles également, attiré un célèbre metteur en scène puisque de nombreuses scènes de la Guerre des Etoiles ont été tournées dans le coin. La Tunisie comme succursale d’Hollywood…
A part ça, je voulais vous demander si l’un ou l’autre d’entre vous ne connaitrait pas un psy ? Je commence en effet à réellement développer un complexe dans ce pays. Auparavant, ma mobylette surprenait les personnes croisées le long de la route mais restait plus grosse que les pétrolettes nationales. Or la Tunisie semble être le paradis du motocross européen. Et si ma Yamaha reste plus puissante que les 104 locales, les jeunes du coin voient défiler au minimum une dizaine de grosses cylindrés par jour. Et ils comparent… Et ils se marrent…
Remarquez, aujourd’hui, j’ai croisé deux cyclistes avec leurs énormes sacoches qui suaient sous le soleil. Il y a plus aventurier que moi !