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Bangui - Alger (et plus si affinités)
28 mars 2010

ETAPE 38

Douz – Ksar Ghilane (163 km)

Finalement, ce n’est qu’un peu d’eau distillée que je solliciterai pour ma batterie…

Butant sur cet erg sans piste, je décide de le contourner par l’est. Direction do434nc le soleil levant à travers de douces étendues de sable mouchetées de touffes d’herbe jaunâtres. Pas grand monde sur la route, si ce n’est quelques nomades à pieds ou sur des carrioles tirées par des ânes. Quelques dromadaires vont et viennent d’un buisson à l’autre.

438Au bout d’une heure environ, je bute sur la « piste du pipeline », une rectiligne qui file plein sud jusqu’à la frontière algéro-libyienne, 300 km plus loin. La route se rapproche à nouveau du Grand Erg Oriental qui ferme l’horizon… occidental. Un mince ruban jaune qui semble être le rebord d’un autre monde.

Afin d’éviter le torticolis, je pique finalement à droite et échoue dans l’oasis de Ksar Ghilane. Autour de sources d’eau chaude, quelques campings, un hôtel et quelques pauvres baraques de parpaings accueillent les voyageurs de passage. Ambiance de station de ski. En effet, au fil de l’après-midi, tous les motards viennent peu à peu s’attabler autour du bassin naturel encerclé de quelques cafés. Avec leurs multiples protections du torse, des épaules, des genoux ou encore des coudes, avec leurs bottes renforcées et leur combinaison matelassée qui leur donnent443 des airs de Robocop, ils n’ont rien à envier aux skieurs fatigués venant se réchauffer autour d’un chocolat. Leurs monstrueuses montures colorées sont deux fois plus grosses et dix fois plus puissantes que ma mobylette qui n’ira pas plus loin.

De l’autre côté de l’oasis, une infinité de petites dunes s’étend jusqu’à l’horizon en une ocre mer figée. Le sable est si fin qu’il ressemble à de la farine, un liquide fluide et léger pour sablier de compétition. Il faut parfois reconnaître ses limites. Ma Yamaha ne ferait pas 5m dans cet environnement poudreux.

Je continue à pieds.

Même si quelques buissons se cachent encore dans les creux, marcher dans ce450tte immensité silencieuse aux courbes graciles est magique. Le sable fuit sous les sandales et les recouvre à chaque pas. Les dunes se mêlent et s’emmêlent en un labyrinthe féminin que l’on se surprend à caresser du regard. J’escalade. Je glisse. Je remonte. Je descends. Toujours recommencer.

Et puis, au bout d’environ 5 km, je me retrouve à nouveau cerner de petits buissons. Escaladant le point culminant du coin, une colline sableuse plus haute que les autres, mon regard s’étend à des dizaines de kilomètres à la ronde. Et de partout, ce ne sont que buissons à perte de vue. La zone de dunes que j’ai traversée était la seule de toute la région. Une fois de plus, mon désert idéalisé de dunes infinies sans aucune végétation me fausse compagnie. A le rêver trop « parfait », je le loupe à chaque fois.

Je m’assieds.

J’attends le couché du soleil au milieu de cette grandiose solitude. Peu à peu, les oiseaux et les insecte460s se taisent. Ne reste plus que la brise qui joue avec la maigre végétation. La boule de feu disparait au loin. J’attends le dernier rayon.

Puis je reviens sous les étoiles à la lueur de la pleine lune qui me guide à travers le moutonnement des dunes. Quelques dromadaires forment des ombres chinoises sur le sable. Je suis heureux.

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Commentaires
S
"A le rêver trop « parfait », je le loupe à chaque fois."<br /> On pourrait en dire autant pour chaque chose, pour la vie. Ah, la juste mesure entre rêve et vie...<br /> <br /> Merci de partager la plénitude de cette fin de journée. Une joie précieuse.
:
Sur le chemin, on est seul responsable de ce que l'on rencontre. <br /> Au rythme des pas du pélerin, le regard se transforme enfin en caresse.
Bangui - Alger (et plus si affinités)
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