ETAPE 36
Tozeur – Midès - Tozeur (182 km)
Petite incursion dans les montagnes à la frontière de l’Algérie. Me voici à seulement 150 km d’El Oued ! Mais quel détour pour revenir par ici !
Entre Tozeur et les montagnes, il faut tout d’abord traverser un chott, le chott El Rahim. Un chott, c’est un grand pas grand-chose tout plat parsemé de quelques dunes, de quelques buissons, de quelques dromadaires et de beaucoup de sel. Pendant la saison des pluies, ce doit être vert et humide. Là, ça serait plutôt ocre et sec. Le vent de sable se poursuit et continue à masquer l’horizon tout en étouffant l’atmosphère. Il fait lourd et pesant. Le genre d’endroit à éviter au mois d’août, au plus fort de la saison chaude, ça doit être infernal ! Pire qu’un sauna !
Parti tardivement, je croise des dizaines de 4x4 blancs, tous les mêmes, des Toyotas. Ils ramènent les touristes vers le marché. L’excursion de la demi-journée est terminée. Même au Kosovo, jamais les Nations-Unies n’ont été capables d’en déployer autant ! Une formidable clientèle pour la firme japonaise. Ce sont de véritables convois qui pointillonnent le paysage !
Peu à peu, le massif montagneux sort de la poussière, dominant de près de 1 000 m la plaine aride. Un massif tout en dégradés de bruns, en falaises, en pierriers, un massif ressemblant à une fortification moyenâgeuse avec ses créneaux, ses tours et ses fortins. Quelques canyons descendent de ses flancs et, lorsque par une certaine magie, leur eau coule toute l’année, des oasis de palmiers et de maisons blanches se pressent à leurs côtés. Incongru, un lac argenté est même né d’un barrage opportun. Superbe contraste !
Cependant, la « cascade » de Tamerza, haute de quelques 5 – 6 m, si elle est certainement unique à des dizaines, voire centaines de kilomètres à la ronde, ne mérite pas le cirque touristique né à ses abords. Rapidement ma moto se retrouve également l’objet de l’attention du public. « Et vous êtes venu de Tunis avec votre mobylette ? » Tunisiens, Algériens, Français ou Italiens, décidément, personne ne connait un pays qui se nomme « RCA », comme le précise ma plaque d’immatriculation…
Quant au village fortifié, et abandonné, de Midès, dominant de quelques dizaines de mètres des gorges fraiches et humides, si son site est superbe, il semble tirer l’essentiel de sa notoriété au fait d’avoir hébergé quelques scènes du film « Le Patient Anglais ». Je ne l’ai pas vu mais toutes les personnes rencontrées m’en ont parlé ! Par contre, j’ai croisé plusieurs ambulances. Peut-être allaient-elles en chercher de nouveaux ?
Au retour, nouveau ballet de 4x4, en sens inverse, pour l’excursion de l’après-midi. Ce n’est pas grave, il suffit de suivre quelques traces qui s’éloignent de la route et s’enfoncent dans le chott et tout de suite le désert reprend ses droits. Plus un bruit. Pas un chant d’oiseaux. Pas un crissement d’insecte. Même plus une brise tiède qui viendrait agiter les rares touffes d’herbe.