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Bangui - Alger (et plus si affinités)
3 mars 2010

Rêve et réalité…

C’est étrange. J’ai du mal à imaginer qu’il y a simplement 2 jours, j’étais en panne, seul, en plein désert du Sahara. Hier encore, j’admirais les dunes. Tamanrasset ne correspond absolument pas à l’idée que je m’en étais faite. C’est une petite ville méditerranéenne, propre, avec ses nombreux cafés en plein air où s’attablent longuement les Algériens, ses pizzerias, ses boutiques de vêtements « chics », ses voitures « de ville », ses banlieues de pavillons siamois. C’est une petite cité aux nom223breux chantiers de construction, aux feux tricolores en fonction, aux policiers qui font la circulation. Il n’y a pas de sable. Il n’y pas de chameaux, ni de 4x4. Il n’y a pas de mosquée à chaque coin de rues. Il n’y a pas de souks, de mendiants, ni de maisons en banco. Il n’y a pas de chèvres en liberté, de moto-taxi qui zigzaguent dans tous les sens, de petits commerces sur les trottoirs, de palmiers. Rien ne permet de se douter que nous sommes à plus de 2 000 km au sud de la Méditerranée, en plein milieu du désert, au cœur de l’Afrique.

Un peu brutal comme transition… Moi qui m’attendais à une seconde Tombouctou perdue au milieu des dunes…

Déçu ?

Partagé, disons…

Je ne suis pas naïf. Je sais que je n’ai pas tout vu de la ville et que tout n’est certainement pas si rose, mais je suis content en même temps de toucher du doigt que rien n’est inéluctable et que, quand un gouvernement le souhaite, l’ensemble d’un pays, jusqu’aux recoins les plus isolés, les plus inaccessibles, peut être développé. L’ensemble de sa population peut en bénéficier. J’avais déjà pris une claque en arrivant à In Guezzam et observant le goudron et les lampadaires s’arrêter à la frontière, le néant commencer sur cette limite invisible où débutait le Niger. D’un côté, le sable vierge. De l’autre, la civilisation.

Mais, par ailleurs, quelle triste réalité ! Cette ville bien rangée, où tout est à sa place, propre, organisée, sécurisée, elle pourrait se trouver n’importe où dans le monde ! En Europe ou au Etats Unis, en Amérique du Sud, en Chine ! Elle n’a aucune personnalité, aucune âme, aucune histoire. Elle est juste fonctionnelle… Est-ce ça le monde de demain ? Quelle horreur !

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Commentaires
A
L'amalgame est saisissant entre la notion de "civilisation" et celle de "développement", au sens économique du terme. <br /> <br /> S'il est vrai que la société marchande fabrique de l'uniformité, dans l'architecture, les idées, les produits, les gestes, la civilisation en ce qu'elle a de plus fin, de plus cultivé, de plus instruit, de plus conscient de la fragilité et de la beauté de la vie, fabrique de la différence.<br /> <br /> Et il n'est pas besoin d'aller bien loin pour trouver des illustrations de ce qu'un Etat, qui s'en donne les moyens, peut faire en matière de conservation des différences. <br /> <br /> Ainsi, sur l'île de Porquerolles, par exemple, l'Office national des forêts conserve un véritable royaume de Prospero où sont soignées des "collections variétales" d'oliviers, d'abricotiers, de mûriers, d'amandiers, de figuiers, etc. <br /> Comme la pensée contemporaine, l'agriculture moderne fait appel à un marché très réduit de variétés très spécialisées dont l'extension menace les variétés anciennes ou traditionnelles. Le conservatoire botanique préserve les espèces qui, à un moment ou l'autre, pourront être nécessaires à la sélection de nouvelles variétés, le capital génétique qui pourra un jour sauver une culture, préserver une richesse botanique. Dans tous les pays où une maladie ou des parasites détruisent une variété de fruit, Porquerolles peut expédier des plants ou des semences pour réparer les conséquences de l'accident.<br /> <br /> La vie fabrique de la différence. <br /> La civilisation, par le biais d'une éducation ambitieuse, aussi. <br /> C'est un rationalisme devenu fou qui produit une ressemblance, celle de la table rase, celle d'un putain de "socle commun de connaissances", celle de la médiocrité.
S
Le "développement", la 'civilisation" passent par l'acculturation, c'est un éternel et triste constat. On ne peut même pas dire qu'un jour on conciliera les deux, parce qu'un jour, toute culture au sens ethno du terme aura disparu à l'allure où elle est anéantie. C'est le principe de la tâche d'huile... et la tâche, c'est nous.<br /> Je crains que tu n'aies de plus en plus ce sentiment au fur et à mesure que tu te rapproches...
Bangui - Alger (et plus si affinités)
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